Carmilla - Le Fanu & Mazzanti

Cet article n'est que modérément égocentrique. J'espère que cela ne vous chamboulera pas trop.

Mauvais vampire.

J'aime les livres à images. Plus que les crumbles et les Disney (mais pas plus que les chatons et l'accordéon). Je me ruine pour eux, je suis toujours à la recherche de la belle illustration, les beaux objets me rendent dingue, je me conduis avec eux comme une amante consumée par la passion. Je suis ce genre de cinglée qui caresse les livres et les regarde avidement, les déshabillant mentalement.

Moment d'intimité avec mon amant du moment.

Mon expérience avec celui-ci était intensifiée par le fait que je ne pouvais pas le lire immédiatement, des obligations scolaires en ayant décidé autrement. Je le gardais près de mon lit, lui manifestant mon désir de temps à autres, signifiant à mes autres lectures combien je les méprisais, combien elles n'étaient pas digne de passer avant mon adorée.

Regard aguicheur de l'objet de mes fantasmes.

Et puis un jour, alors que je me préparais à passer un examen (la veille, à 21h, et que je n'avais rien étudié du cours), le livre a gagné. Lentement, avec délice, ma main l'a effleuré, effeuillé, et plus j'en voyais, plus le feu de ma passion était attisé. Cet examen, je l'ai raté. Est-ce que je le regrette ? Non.

Et là, je succombe avant même d'avoir commencé l'histoire. Vile tentatrice.

Maintenant que notre idylle a été consommé, je peux prendre du recul sur cette expérience et en parler sans (trop) m'emporter (C'est déjà raté ?). Ne partez pas, mon sens critique n'est pas entièrement mort sous le feu de ma folie amoureuse, j'ai quelques réserves à exprimer sur ce livre.

Mon aimée tentant de détruire ma critique. Elle cite même Poe pour tenter de me reconquérir.

Le problème (potentiel) des livres à images, c'est qu'en décorant un texte, ils imposent des images à associer à l'histoire. Ca ne m'avait jamais posé aucun problème avant. Quand je les aurai relus, je vous parlerai d'ailleurs sans doutes d'exemples de livres objets dont la forme et le fond s'accordent parfaitement à mon goût. Mais je sens que, dans cette expérience de lecture, bien qu'elle fut délicieuse, les images, aussi belles fussent-elles (et dieu qu'elles étaient belles), ont parasité l'image mentale que j'aurais aimé avoir de cette histoire.

Ainsi, c'est avec tendresse et émerveillement que j'ai découvert chaque rebondissement, chaque illustration. Mais c'est avec le sentiment d'avoir manqué quelque chose de plus profond, distraite par des artifices hélas mal accordés, que je referme ce bijou qui me paraissait pourtant plus que prometteur.* C'est pour ça que cet article se concentre uniquement sur l'objet. 

*C'est pas pour autant qu'il faut pas l'acheter, si les images vous plaisent, foncez.

Mais si vous voulez un résumé, Carmilla en fait c'est un vampire.

J'ai encore un jour pour faire mon deuxième article de la semaine mon pari n'est pas encore perdu. 

Buvez des livres, lisez du thé, et essayez de pas crever.